AudioPortrait #2
Dorra : "L’audioprothésiste est parfois aussi un psychologue, un refuge, il sera la personne qui écoute lorsque personne ne veut comprendre."

Notre équipe a rencontré Dorra Klibi, audioprothésiste diplômée de l’université de Tunis.
Après une première expérience dans un centre de correction auditive à Blois, elle cherche actuellement à faire valider son diplôme en France.
Qu’est ce qui vous a mené au métier d’audioprothésiste ?
« Je suis fille de deux médecins, et toute la famille est dans le domaine médical. J’ai cherché un métier qui combine l’aspect médical et technique. Je suis entrée dans l’école de santé en Tunisie, j’ai été major de ma promotion pendant les trois années. J’étais aussi intéressée par l’aspect clinique de l’audioprothèse donc je faisais pas mal de recherches. Le métier me correspondait parfaitement parce qu’il y a le côté prise en charge patient, communication et, en même temps, le côté technique. »
Pourquoi n’êtes vous pas restée exercer en Tunisie ?
« Le domaine de l’audioprothèse, en Tunisie, est assez récent. Je faisais partie de la quatrième promotion. En 2021, il n’y avait pas beaucoup de cabinets de correction auditive qui accueillaient les jeunes diplômés pour faire des stages ou acquérir de l’expérience avant d’ouvrir son propre cabinet. Puisque le domaine de l’audioprothèse en France est assez avancé, il y avait beaucoup de progrès, j’ai décidé d’y aller pour acquérir de l’expérience. La qualité de vie aussi était un facteur, je changeais totalement de pays, donc il y avait l’aspect professionnel mais également l’aspect personnel. »
Comment s’est passée votre arrivée en France ?
« Au niveau du travail, j’ai acquis beaucoup d’expérience, c’était formidable. Il y avait une équipe soudée où tout le monde aimait son travail. Mais c’était difficile parce que je travaillais à Blois et c’était une petite commune, ça ne correspondait pas vraiment à mon projet personnel. C’était un mode de vie assez dur pour une personne de 22 ans qui vient de s’installer en France. Si je trouve une nouvelle opportunité de travail, ce serait préférable d’être dans une grande ville. »
Que recherchez-vous actuellement ?
« Je cherche à travailler avec un centre de correction auditive en tant qu’assistante technique dans un premier temps, afin d’acquérir plus d’expérience, car je suis à la recherche d’une procédure de validation de mon diplôme. Il y a deux méthodes pour obtenir la validation. Je pourrais faire la validation des acquis par expérience ou bien faire des études par alternance. Je ne voudrais pas quand même laisser tomber le travail, le côté technique et pratique pour les études. Donc je voudrais travailler au minimum une ou deux années au sein d’une enseigne et au fur et à mesure, faire les démarches pour la validation de mon diplôme. Je maîtrise parfaitement la procédure tant administrative qu’audioprothétique. Je fais constamment des recherches, je maîtrise l’aspect clinique, ce qui est assez atypique par rapport aux autres profils. Mais s’il n’y a pas de possibilité de VAE, je n’ai pas de problème à refaire des études. Si je trouve une enseigne qui me soutient dans mon projet, je deviendrai un membre actif et fidèle à l’enseigne, et pourrait probablement rester avec eux en tant qu’audioprothésiste lorsque je validerai mon diplôme. »
Qu’est ce qui vous plaît le plus dans ce milieu de l’audioprothèse ?
« Nous sommes vraiment une source d’espoir pour les patients. Un patient qui vient pour être appareillé, c’est un patient qui n’a pas trouvé de solution médicale. On lui apporte une nouvelle vie. Chaque patient est un cas particulier, chaque patient représente une histoire. Ça nous enrichit en tant que personne et en tant qu’audioprothésiste. Ensuite, vient le côté technique. Il faut être constamment au courant des nouveautés, être à la page pour offrir le bon produit au patient. Il faut toujours étudier, faire des formations, parce que notre métier est étroitement lié à la technologie. Les appareils se sont développés et il y a vraiment du potentiel. On essaie de reproduire petit à petit l’audition naturelle du patient. Le 100% Santé est très important parce qu’il a vraiment encouragé les gens à être appareillés et à se faire dépister. C’est vraiment une belle initiative de la France, qui manque en Tunisie. »
Selon vous, quelles sont les qualités essentielles pour devenir audioprothésiste ?
« Pour devenir audioprothésiste, il faut impérativement être conscient qu’on sera au service de gens. La première chose qu’on nous a appris au niveau de l’audioprothèse, c’est la prise en charge psychologique du patient. Il faut vraiment écouter le patient, écouter ses besoins pour ensuite mieux les interpréter au niveau de l’appareillage, de la prothèse. Il ne faut pas nier le côté psychologique qui est très important pour le patient. L’audioprothésiste est aussi parfois un psychologue, un refuge, il sera la personne qui écoute lorsque personne ne veut comprendre. Donc on doit être patient avec eux. C’est important d’écouter le patient, mais sans pour autant être impliqué émotionnellement. Ne pas oublier que l’audioprothèse est notre travail. C’est un métier. »
A l’inverse quelles sont les difficultés que rencontre un audioprothésiste au quotidien ?
« Pour l’audioprothésiste, il faut vraiment traiter les patients au cas par cas parce qu’il y a des patients qui sont un petit peu difficiles à gérer parce que la perte de l’audition, sur le long terme, affecte le patient psychologiquement, il n’accepte pas toujours le fait de mal entendre,de devoir porter un appareil. L’audio devra convaincre le patient que c’est une solution discrète qui va changer sa vie et lui rendre l’audition. Ce n’est pas facile. Une des solutions est le prêt de prothèse. Le patient peut essayer la prothèse auditive pendant un mois, voir les résultats en temps réel et les progrès au niveau de sa vie. »
Avant de finir, auriez-vous une anecdote à nous raconter ?
« Il y avait un cas qui m’a vraiment touché. C’était un enfant malentendant qui avait à peine 3 ans, il a été appareillé pour la première fois et c’était vraiment de la magie qui se passait pour lui. La première chose qu’il a dit, c’est qu’il entendait le son des voitures et la voix de sa mère. Quand on entend cela d’un patient, on sent vraiment l’importance et la valeur de notre métier. »
La citation bonus de Dorra : « Valider mon diplôme, ça représente un rêve pour moi et pour réaliser un rêve, il faut persévérer et ça ne me dérange pas. »
- Publié le 05/07/2023
- Par : AudioJob
- Catégorie : Portrait
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