Comment fonctionne la régulation du son dans l’oreille interne ?
L’oreille interne est équipée de cellules ciliées sensorielles qui détectent les vibrations sonores et les convertissent en signaux électriques transmis au cerveau. Traditionnellement, on sait que la majorité des fibres nerveuses cochléaires sont afférentes (elles envoient des signaux de la cochlée vers le cerveau).
Cependant, environ 5 % des fibres nerveuses cochléaires sont efférentes, ce qui signifie qu’elles transmettent des signaux du cerveau vers la cochlée. Le rôle précis de ces fibres efférentes était jusqu’ici mal compris, en grande partie parce qu’il était difficile d’observer leur activité en temps réel.
Grâce à cette nouvelle étude, les chercheurs ont démontré que ces fibres permettent à la cochlée d’adapter sa sensibilité aux sons, jouant ainsi un rôle clé dans la protection contre les niveaux sonores élevés et la compensation des déficits auditifs.
Une découverte rendue possible grâce à l’imagerie OCTPour observer ces mécanismes, les chercheurs ont utilisé une technologie innovante : la tomographie par cohérence optique (OCT), habituellement utilisée en ophtalmologie.
Cette technique d’imagerie a permis de visualiser la cochlée en temps réel chez des souris éveillées. Les observations ont révélé que :
- Chez les souris en bonne santé, l’activité cochléaire restait stable dans le temps.
- Chez des souris génétiquement modifiées ayant une perte auditive, la fonction cochléaire augmentait progressivement, indiquant une compensation du cerveau pour amplifier les sons.
Ces résultats montrent que le cerveau peut moduler la sensibilité de l’oreille interne pour s’adapter aux déficiences auditives.
Quels impacts pour le traitement des troubles auditifs ?Cette découverte ouvre des perspectives intéressantes pour le traitement de certains troubles auditifs :
Hyperacousie : Une hypersensibilité aux sons, souvent très handicapante au quotidien.
Acouphènes : Des bourdonnements ou sifflements perçus en l’absence de bruit extérieur.
L’étude suggère qu’en bloquant certaines fibres efférentes de la cochlée, il pourrait être possible de réguler cette sensibilité excessive et ainsi proposer de nouveaux traitements pour ces pathologies.
De plus, l’utilisation de la technologie OCT pourrait améliorer le diagnostic et le suivi des troubles auditifs, permettant aux professionnels de l’audition d’adapter les solutions prothétiques ou thérapeutiques en fonction de l’activité cochléaire du patient.
Cette étude apporte une avancée majeure dans la compréhension de la régulation auditive et du rôle du cerveau dans la gestion des sons. La découverte que les fibres efférentes de l’oreille interne ajustent activement la perception sonore ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement des troubles auditifs, en particulier pour les patients souffrant d’hyperacousie ou d’acouphènes.
Grâce à des technologies d’imagerie avancées comme l’OCT, les chercheurs espèrent mettre au point des traitements ciblés et mieux comprendre la plasticité auditive. Cette recherche pourrait ainsi améliorer la prise en charge de la perte auditive et offrir des solutions innovantes aux patients souffrant de troubles de l’audition.
Source :
Keck School of Medicine of USC, Nerve fibers in the inner ear adjust sound levels and help compensate for hearing loss in mice, study finds, 2025